L’Eure nous a permis de réaliser le dynamisme des filières en productions végétales. D’autres ouvertures comme la permaculture, cidriculture et système herbagers en adaptation ont été au menu d’un week end de découvertes pour ne pas dire de formation. Quelques sites touristiques de grand intérêts ont ravis les participants à ce week end prolongé très suivi.



Eure - filières des productions végétales et autres originalités

Mars 2010, Arnaud Jacob, ancien stagiaire aux USA, nous accueillait pour 3 jours dans l’Eure en Haute Normandie pour un week end très suivi et original de découvertes de filières spécifiques (luzerne déshydratée, myscanthus, lin, céréales...) mais aussi de systèmes de productions peu connus (permaculture, système herbager avec de fortes contraintes, cidriculture...). Nous avons pu profiter également collectivement de sites touristiques très prisés de la région.

Dans le Vexin à Saussay la Campagne,au nord du département,

l’UCDV (Usines Coopératives de Déshydratation du Vexin) nous a montré une structure importante traitant près de 100 000 tonnes par an. Les produits de ses 1200 adhérents sur 3000 ha se répartissent à part égal entre les bouchons de luzerne déshydratée et de pulpe de betteraves. La coopérative assure les chantiers de récolte avec jusqu’à 4 coupes par an, les débouchés étant la production animale (bovins, équins, ovins, caprins, lapins). Une filière en luzerne biologique a été récemment développée. Industrie lourde et fortement consommatrice d’énergie fossile (charbon) pour le séchage générant des coûts de production élevés, l’objectif est à terme de produire 90 % de la chaleur par de la biomasse et principalement par du bois déchiquetée. Des dizaines de milliers de tonnes seront nécessaires.

L’UCDV a implanté dans son réseau de producteurs près de 200 ha de myscanthus avec pour objectif éventuellement à terme et selon les évolutions du contexte énergétique de pouvoir les utiliser dans les fours. Le bilan énergétique estimé entre l’énergie consommée pour faire pousser la culture et l’énergie produite est de 1 pour 30. Actuellement, l’option est prise de valoriser cette culture principalement comme matériaux de paillage en horticulture, demande en forte croissance en région parisienne mais aussi pour les litières pour petits animaux. Rhizome et plante pérenne originaire d’Asie, elle est implantée pour une période de 20 ans. Après plusieurs années et formant un plateau de tiges d’un mètre de diamètre, appelé aussi Roseau de Chine ou herbe à éléphant, la plante hybride s’adapte dans des sols relativement sains permettant le développement mais aussi la récolte en période hivernale. Une fois bien implantée, la culture n’exige aucun intrant particulier. La récolte est assurée soit par ensileuse ou par fauchage et pressage. Les rendements espérés en année de croisière au bout de 5 ans sont de 15 Tonnes à l’ha. Un suivi technique est assuré au sein de l’UCDV.
voir la vidéo de présentation du projet.

Autre lien sur le Myscanthus

Parc naturel du Vexin

Un pique-nique près du Château Gaillard à Andelys dominant la vallée de la Seine nous à permis de repartir à la Coopérative de Teillage de lin du Neubourg.

Mr Bertrand Coulier, directeur et Pierre de Francqueville, responsable culture nous ont présenté la filière, le cycle de production du lin et l’usine de teillage. Détronée par l’arrivée du coton au XIXème siècle, la culture est relancée avec l’arrivée de teilleurs belges à la première guerre mondiale. La culture s’étend de la plaine de Caen à la Hollande sur une bande de terre de 30 à 50 km le long des côtes. La Normandie est la première région européenne de production de lin.

La qualité reconnue comme la meilleure au monde est l’atout principal du au climat idéal tempéré et humide permettant entre autre la phase de rouissage. Cycle de production de 100 jours, le lin est arraché (vidéo)et déposé au sol sous forme d’andains. Puis, la graine est récolté par une écapsuleuse (vidéo). Au cours du rouissage, étape cruciale de qualité, l’alternance de la pluie et du soleil vont dégrader les pectines qui lient les fibres à la paille. Au cours de cette phase, les andains seront retournés avant le pressage (video).

Après stockage à la ferme, la coopérative de teillage est approvisionnée toute l’année selon un planning déterminé. Chaque lot analysé pour rétribuer le liniliculteur passe ainsi dans l’usine pour le teillage qui consiste à séparer les fibres du lin du bois de la plante que l’on appelle anas (50% de la plante). Les fibres courtes ou étoupes sont valorisées en papier, bâtiments, matériaux composites pour l’automobile... Les fibres longues (20 à 25 % de la plante) deviendront la toile de lin utilisée pour la confexion.

Le rendement est de 1200 à 1400 kg de lin teillé à l’ha.

Ont été abordée la chute des commandes du lin teillé par les filateurs chinois suite à la crise.

La coopérative assure l’approvisionnement du lycée agricole pour le chauffage à partir des anas de lin, un biocombustible local. Clic

Autre vidéo de présentation de la diversité des filières de production de biomasse dans l’Eure

Vidéo sur les biocomposites - exemple du lin.
Autre vidéo très intéressante sur le sujet.
La filière commence à se structurer.

Du lin sous le capot (vidéo)

L’huile de lin dans nos peintures. très complet.

Et même le lin dans votre alimentation saine et pour être costaud !!! vidéo

En fin d’après midi le vendredi, nous avons visité l’installation de stockage des Etablissements Beuzelin, entreprise où Arnaud Jacob, qui organisait le weekend, travaille. Une petite entreprise familiale (27 salariés) de négoce de céréales (500 000t de collecte tous produits confondus) dont le siège est toujours basé sur la ferme d’où le père a commencé l’activité.

Au Neubourg, un premier silo, datant d’une dizaine d’année d’une capacité de 18 000t et un second silo de 20 000t en construction sont sur le même site. Ces silos sont conçu comme une plateforme logistique :
 une capacité de stockage pour permettre la segmentation des produits pour une meilleure optimisation par rapport aux demandes des clients.
 des outils de travail du grain pour permettre soit une remise aux normes (pour les producteurs, pour des prestations extérieures...), soit pour améliorer des qualités et se mettre au niveau pour répondre aux demandes des clients.
Après la visite des installations proprement dites, une rencontre avec Frédéric Degroote, acheteur et aussi responsable de la commercialisation et du suivi des marchés. Il a ainsi put expliqué les mécanismes du marché à terme, les montages possibles pour se garantir des prix plus stables dans un marché très volatile.

Notre gîte d’étape était au petit hameau de Chrétienville à Harcourt avec la particularité que c’est une ancienne église, cadre et aménagement original de qualité.

Dans un tout autre registre, le lendemain, le groupe

a suivi avec intérêt la démarche de la Ferme Biologique du Bec Hellouin. Charles Hervé Gruyer, ayant sillonné le monde à bord d’un voilier école pendant de nombreuses années, nous a fait partagé sa passion de sa reconversion en maraichage en agriculture biologique selon le principe de la permaculture. Très axés sur l’agronomie et reposant sur l’observation des écosystèmes naturels, une partie des légumes est produit sur des buttes associant une multitude d’espèces et intensifiant la production.

En une année de culture sur buttes avec les micro-climats générés et la production d’humus permanente recherchée, la production peut doubler en un an selon Mr Gruyer. Grosse réserve de terres arables, le sol est recouvert de paille avant l’hiver. En outre, la conception paysagère des buttes et la permanence de plantes en fait un jardin voir une unité de production agréable à regarder. Sur le site, c’est une véritable biodiversité qui s’exprime avec près de 500 variétés d’arbres fruitiers, 100 variétés de plantes aromatiques et médecinales + fruits rouges. C’est sans compter sur les différentes races d’animaux notamment le porc de Bayeux, ânes du cotentin... Une serre existe également pour assurer le démarrage des légumes. Une autre approche en agroforesterie ou plus exactement au milieu d’un verger est pratiqué.

La traction animale a été mise en oeuvre avec des outils adaptés. Avec 2000 m2 en butte et 580 m2 en serre, la production est suffisante pour approvisionner une soixantaine de paniers pour une AMAP (Association pour le Maitien d’une Agriculture Paysanne) sur Paris (voir vidéo sur le site de la ferme) et pour une période de 42 semaines + familles et personnes de passage. De plus, 50 pains sont produits la semaine. Outre la boutique, La ferme est également un centre d’accueil pour des formations notamment avec le réseau Savoir Faire et Découverte. Les infrastructures respectant l’architecture de la région ont été réalisées en éco-construction et bioclimatique (matériaux, orientation, disposition des pièces...).

vidéo de présentation

Permaculture en Autriche : Vidéo

Par curiosité, découvrez le jardin en permaculture d’Emilia hazelip. Vidéo

Comment créer une spirale à plantes aromatiques - système de permaculture créant des micro-climats selon les espèces : vidéo ou encore différent : vidéo

Le pique-nique dans le magnifique village du Bec Hellouin, faisant parti de l’association "Les plus beaux Villages de France" a été l’occasion d’approcher la fameuse abbaye fondée en 1034 et d’apprécier entre autres les belles maisons à colombage de Normandie. Guillaume le Conquérant avait d’ailleurs pris un moine du Bec Helloin pour fonder l’archevêché de Canterbury en Angleterre.

En après-midi, place à la visite d’une production traditionnelle de Normandie : cidre, poiré, calvados et pommeau. Au Domaine des Hauts Vents à St Ouen du Tilleul, la famille Caboulet depuis 3 générations a développé une unité importante mobilisant aujourd’hui 4 UTH. La vingtaine d’ha de verger et les 25 variétés sont conduits selon le principe de l’agriculture raisonnée. En 1989, c’est l’implantation d’une nouvelle cidrerie permettant de traiter des volumes importants.

Une belle unité de distillation existe. Récolté mécaniquement de fin septembre à mi-novembre, la production de 400 à 600 tonnes de fruits est transformée en cidre, poiré, calvados, pommeau, jus de pomme, vinaigre confits de cidre. La vente directe se développe avec une belle boutique dans le domaine garnie de produits de la région.

Puis, nous nous sommes dirigés sur l’exploitation des parents à Arnaud avec une très belle maison normande. Nous avons eu de longs échanges sur les filières locales dans l’Eure et les productions de l’exploitation notamment les plants de pomme de terre et le lin, du matériel spécifique étant présenté.

Nous avons partagé un bon repas à la ferme auberge de la Ferme du Bourg à la Croisille. Le corps de ferme bien préservé et notamment le pigeonnier valaient aussi le détour dans un cadre agréable.

Dimanche matin, ce fût la visite d’une exploitation en viande bovine située au bord de la rivière Risle et de l’estuaire de la Seine. Philippe Sellier y est installé et originaire de Picardie et ancien animateur syndicale. Particularité, la ferme est la propriété du Conservatoire du Littorale dont la volonté est de maintenir une unité agricole viable. Un des objectifs est de maintenir de la biodiversité, une qualité environnementale, de laisser des sites de passage pour les oiseaux migrateurs et des milieux ouverts, l’activité d’élevage extensif étant compatible. L’Agence de l’Eau est associée au dispositif.

Le système fourrager à base d’herbe est la condition tout comme le chargement à l’ha très faible (0.9 UGB/ha) sans compter les dates de pâturage et de fauche. Parmi les contraintes, les mesures décidées à la parcelle n’autorise pas l’apport de matières organiques. L’exploitation est en agrobiologie depuis 2009 avec 100 vaches allaitantes en race charolaise. La difficulté réside dans la capacité à maintenir une productivité raisonnable, d’être autonome, les rendements des prairies baissant sans cesse avec une grande part de prairies inondables qui s’abiment et des bâtiments mise aux normes qui tardent à venir liées à d’importants retards et complexités administratives. Un des projets à terme est la mise en place du séchage en grange afin d’optimiser la qualité fourragère. L’intérêt de la visite portait aussi sur la capacité de l’exploitant à composer avec les différentes chartes, contraintes et parcours administratifs pour faire évoluer le système.

Circuit panoramique en voiture dominant le Marais Vernier, nous admirons des hauteurs au pied du Pont de Tancarville une des plus grandes tourbière de France. Un arrêt s’organise spontanément pour un apéro en plein air à la Pointe de la Roque qui domine la Baie de la Seine, autrefois siège d’une capitainerie protégeant l’embouchure.

Le Pont de Normandie s’impose et draine le territoire. Vidéo

Notre destination finale fût Honfleur aux portes du Pays d’Auge et petite cité maritime, riche de ses rues piétonnes et vieilles batisses remarquablement conservées. L’église en bois du XVème siècle est unique dans sa conception et caractère, oeuvre des charpentiers maritimes. Historiquement, le développement de la ville vient de sa situation géographique pour défendre le fleuve royale et aussi le départ des grandes aventures sur la mer océane. De nombreuses galeries et musées existent. Vieux grémants et voiliers se croisent. c’est particulièrement bien fleuri l’été.